Pierre Claude François Delorme
Paris, 1783 – 1859
Héro et Léandre, vers 1815
Aquarelle
210 x 160 mm
Après une formation dans l’atelier d’Anne-Louis Girodet, Delorme gagne Rome au début du XIXe siècle. Là, il réalise La Mort d’Abel, sa première œuvre exposée au Salon (Montpellier, musée Fabre). Rentré en France et soutenu par son maître, il entame une carrière de peintre d’histoire, obtenant de l’Etat la commande de nombreuses œuvres (Hector adressant des reproches à Pâris, 1824, Amiens, musée de Picardie). A partir de 1820, Delorme collabore aux chantiers de rénovation des églises parisiennes (chapelle de la Vierge à Saint-Gervais-Saint-Protais, coupole de Notre-Dame-de-Lorette). Sous Louis-Philippe, il est amené à participer à la transformation du château de Versailles avec La Fondation du Collège royal par François Ier.
Prêtresse d’Aphrodite, Héro réside à Sestos, sur la rive européenne de l’Hellespont tandis que son amoureux Léandre habite à Abydos, sur la rive asiatique. Toutes les nuits, celui-ci traverse le détroit à la nage, guidé par une lampe qu’Héro allume en haut de la tour où elle vit. Mais lors d’un orage, la lampe s’éteint et Léandre s’égare dans les ténèbres. Lorsque la mer rejette son corps le lendemain, Héro se suicide en se jetant du haut de sa tour. C’est la phase heureuse de cette légende amoureuse que Delorme illustre dans un grand tableau exposé au Salon de 1814 (aujourd’hui conservé au musée des Beaux-Arts de Brest, fig. 1) : Léandre embrasse Héro qui lui verse des parfums sur les cheveux. Le détail de la chambre au fond, avec le lit, exprime assez clairement la suite de l’aventure.
Notre dessin très fini, présentant de très légères différences avec le tableau (dans le pavement au sol ou la position de la lyre au fond notamment) doit être un riccordo exécuté par l’artiste devant le succès obtenu par le tableau au Salon. C’est probablement l’œuvre qui a servi au graveur Jean-Nicolas Laugier pour réaliser une estampe au burin publiée en 1816. L’effet insolite du clair-obscur, la délicatesse de la facture, l’élégance dansante des attitudes rappellent que Delorme, spécialiste de sujets mythologiques et religieux, fut l’élève préféré de Girodet.